Les Progrès de la Chimie Organique
dans la première moitié du XIXe siècle

1) La Notion de Radical

Louis Joseph Gay-Lussac (1778 - 1850) étudie, en 1815 les composés de la série du cyanogène. Il se rend compte que dans toutes ses expériences, il y a un CN qui reste inchangé. Il appelle ceci le radical cyanogène.

En 1832, Friedrich Wohler (1800 - 1882) et Justus Liebig (1803 - 1873) étudient ensemble l'essence d'amande amère. Ils y trouvent du benzaldéhyde, et l'isolent. En le faisant réagir, ils se rendent compte qu'un groupement C7H5O reste inchangé. Ils l'appellent le radical Benzoyle.

Liebig, en 1834, constate que l'éther et l'éthanol (appelé alors esprit du vin, c'est le premier alcool découvert ; alcool vient de l'arabe al kohol : matière subtile) ont une partie commune : le radical éthyl.

Jean-Baptiste Dumas (1800 - 1884), en 1835, ajoute à la liste, le radical méthyl, et montre l'analogie méthanol (esprit du bois) éthanol (esprit du vin).

La notion de Fonction Chimique se profile.

2) La théorie de la substitution

Les conclusions de Dumas, sur les bougies du bal des tuileries, s'opposent à la théorie de Jöns Jacob Berzélius (1779 - 1848) pour qui :
"Un élément étant un dipôle, il est impossible de remplacer un H (électropositif), par un Cl (électronégatif)"
Dumas se retourne contre son élève Auguste Laurent (1808 - 1853) et l'accuse de ces conclusions absurdes.

Mais, en traitant du CH3COOH par du Chlore, Laurent prépare du CCl3COOH. 3 atomes de Chlore ont donc bien remplacés 3H. Nouveau revirement de Dumas qui, cette fois, revendique cette découverte. Mais Dumas tourne à la paranoïa et discrédite ainsi lui-même sa théorie : il voit des substitutions partout et est la risée d'autres chimistes.

3) Radical, " Nucléus " et première théorie des types

Laurent et Charles Gerhardt (1816 - 1856) sont de grosses têtes, mais ont mauvais caractère. S'étant mis la communauté scientifique à dos, ils n'ont pu obtenir de postes à Paris, et donc n'ont pas pu faire de recherche.

Mais, dans sa thèse, Laurent développe une théorie du radical, qu'il décrit comme un noyau passant de réaction en réaction.

Dumas développe une théorie des types (type acide, type eau, ...).

4) Théorie des résidus

En 1839 : Gerhardt propose qu'une réaction chimique soit d'abord une phase de séparation, puis une phase de copulation (via des résidus).

5) Les séries homologues

Carl Schorlemmer (1834 - 1893) publie " histoire de la chimie organique".

6) La nouvelle théorie des types

Charles Wurtz (1817 - 1884) a eu une école comparable à celle de Liebig. Ce fût le chef et l'animateur de l'Ecole atomiste de l'époque.

- En 1849, il découvre les premières amines méthylées (I, II et III), et montre leur parenté avec l'ammoniaque.

- En 1851, August Wilhelm Hofmann (1818 - 1892) généralise les résultats de Wurtz aux amines et montre qu'on peut tirer les mêmes résultats entre l'ammoniaque, et les sels d'ammonium.

Alexander William Williamson (1824 - 1904) effectue la première synthèse d'éther, en 1851, par :

Il montre que l'éther est un représentant d'un autre type : eau.
C'est à dire R-O-R'. Avec R et R' du type alkyle. Il montre que l'acide acétique est de type eau et prévoit l'existence des anhydrides.

Gerhardt réussi a en préparer en 1852 puis montre l'année suivante qu'il existe quatre types fondamentaux (types eau, amine, hydrogène (les alcanes), et chlorure d'hydrogène).

Les problèmes de structures commencent à affleurer. Par exemple, Gerhardt croit faire :

reaction supposée de Gerhardt

Alors qu'en fait il fait :

reaction réelle de Gerhardt

En effet, les deux produit ayant la même formule brute, Gerhardt n'a put les différencier. Le produit qu'il a réellement fabriqué n'est autre que l'acide acétylsalicilique, plus communément connu sous le nom d'aspirine !
Malheureusement, Gerhardt ne remarque pas les propriétés thérapeutiques de son produit. Il faudra attendre 1887 que Felix Hofman redécouvre ce produit pour bénéficier de l'aspirine (commercialisé par la société Bayer).